«Ç’a changé ma vie»: comment Peter Gabriel a influencé le choix de carrière de Robert Lepage
Sans Peter Gabriel, point de Robert Lepage? Le réputé dramaturge de Québec avoue que l’artiste britannique, devenu son ami au fil de leurs collaborations et qui lancera sa tournée nord-américaine au Centre Vidéotron de Québec, vendredi, a influencé directement son choix de carrière.
«La raison pour laquelle je fais ce que je fais aujourd’hui, c’est parce que je l’ai vu en spectacle dans le temps qu’il était avec Genesis. J’ai encore le poster dans mon bureau», confie Robert Lepage, dans un entretien accordé au Journal, lundi.
Le spectacle auquel il fait référence, c’est celui au Grand Théâtre de Québec, en 1973. À l’époque, Genesis était dans sa grande phase rock progressif et Peter Gabriel était réputé pour sa théâtralité sur scène.
Tout pour séduire un jeune Robert Lepage.
«Ç’a changé ma vie. Ça m’a donné le goût de faire des spectacles où tu racontes des affaires en utilisant la musique, les éclairages, les effets.»
Photo Cédric Bélanger/Le Journal de Québec
«Salut, c’est Peter Gabriel»
Le destin a voulu que les routes des deux créateurs se croisent au début des années 1990, à Londres.
Sur la recommandation d’un ami, Peter Gabriel était allé au Royal National Theater voir Songe d’une nuit d’été, une pièce de Shakespeare dont la mise en scène avait été confiée pour la première fois à un Nord-Américain, Robert Lepage.
Après la représentation, le téléphone a sonné dans la loge du Québécois: «Salut, c’est Peter Gabriel, penses-tu qu’on peut se rencontrer?»
Dans un restaurant de la capitale anglaise, il lui a offert la mise en scène de sa tournée Secret World, un spectacle qu’il est venu répéter au Colisée de Québec, en 1993. La paire a répété le même manège en 2002, en vue de la tournée Growing Up.
«Nous sommes devenus proches, de bons amis. C’est juste l’Atlantique qui nous sépare. Quand je suis à Londres, je l’appelle», dit Robert Lepage, qui vante les qualités humaines de Gabriel.
«Il est tellement abordable, tellement simple, tellement gêné, tellement vraiment intéressé aux autres. Souvent, les grandes vedettes de rock, quand ils te rencontrent, c’est pour eux autres. Lui, il veut apprendre.»
Conseiller créatif
Robert Lepage n’avait pas le temps de mettre en scène la tournée i/o, qui s’amène en Amérique après une première série de concerts en Europe, au printemps. À la demande de son ami, il a accepté de jouer le rôle de conseiller créatif.
«Il m’a appelé à la dernière minute. J’ai réussi à trouver dans mon horaire trois petites semaines à gauche et à droite, j’allais faire des tours en Angleterre, je l’aidais à faire le ménage dans ses idées. Ce n’est pas moi qui ai imaginé le concept du spectacle. Par contre, quand je suis allé voir le spectacle en Europe, je donnais des notes à son éclairagiste, son concepteur vidéo…»
Photo AFP
Le créateur de Québec vante l’audace de Peter Gabriel, qui a décidé de jouer 11 nouvelles chansons d’un album, i/o, qui n’a toujours pas été lancé, mais dont plusieurs extraits sont disponibles. Il ignore si le programme musical, qui incluait aussi des classiques comme Sledgehammer, Solsbury Hill et In Your Eyes, mais pas Shock The Monkey, restera le même au Québec.
Il devrait avoir la réponse avant tout le monde quand Peter Gabriel arrivera au Québec, laisse entendre Robert Lepage. «Je ne suis pas lié par contrat, mais il s’attend que j’aille l’aider.»
- Peter Gabriel au Centre Vidéotron de Québec, le 8 septembre, et au Centre Bell de Montréal, le 13 septembre.