Live à Festivent : la nostalgie du rock des années 1990 frappe encore
En offrant à Festivent sa soirée la plus achalandée de 2023 au parc Champigny de Lévis, le groupe Live a démontré une fois de plus que la nostalgie du rock alternatif des années 1990 est devenue un inestimable aimant à festivaliers.
Ed Kowalczyk, désormais le seul porteur du flambeau de la formation américaine depuis que les autres membres originaux de Live ont été virés au profit de nouveaux musiciens (très efficaces, soit dit en passant), a suivi la voie tracée par Weezer, Foo Fighters et Green Day lors du dernier Festival d’été en donnant au public de quadragénaires/quinquagénaires ce qu’il souhaitait entendre : des succès.
Il n’était pas question d’assommer la foule avec des chansons d’albums récents dont tout le monde se fout de toute manière. La nostalgie espérée allait être servie, et très bien servie.
Plus de la moitié du spectacle a donc été consacré à Throwing Copper, fer de lance de la marque Live en 1994, duquel a été extrait huit chansons. C’est d’ailleurs les premiers accords d’All Over You, après une entrée en matière au son de Hold Me up, qui ont secoué le parterre de sa torpeur.
En s’alimentant aussi aux albums Secret Samadhi et The Distance To Here, Ed Kowalczyk a concocté un 90 minutes de rock sans bavure, marqué par de remarquables interprétations de The Dolphin’s Cry, une des meilleures performances rock vues cet été, et Shit Towne.
La fonction vidéo des téléphones cellulaires des festivaliers a pour sa part été activée, sans surprise, quand Kowalczyk/Live a aligné au rappel I Alone et Lightning Crashes, deux titres qui n’ont rien perdu de leur attrait et de leur puissance rock.
Il demeure quand même dommage de constater, encore une fois, que plusieurs spectateurs postés dans la zone VIP n’ont rien à foutre du concert et ont passé la soirée à placoter.
Certains ont même tourné le dos à la scène pendant une large portion de la performance de Live. Ce babillage incessant gâche l’expérience de bien du monde autour de vous.
Les hommages d’Our Lady Peace
À son tour de chant, Our Lady Peace a salué la mémoire de grands disparus, d’abord en amorçant sa prestation avec une reprise rock de Nothing Compares To You. Deux semaines après son décès, c’était un coup de chapeau pertinent à la mémoire de Sinéad O’Connor, une voix majeure de ces fameuses années 1990 qu’allaient célébrer Live plus tard et dont est issu le groupe canadien.
Plus loin, Raine Maida a dédié Ballad of a Poet à une autre voix partie trop tôt, celle de Gord Downie, après avoir raconté qu’avoir assisté un jour à dix minutes d’une prestation de Tragically Hip « avait changé ma vie ».
De retour dans la région moins d’un an après avoir ouvert pour Smashing Pumpkins au Centre Vidéotron, Our Lady Peace a sinon utilisé avec succès la même recette que l’automne dernier : une sélection de chansons couvrant la plupart de ses principaux albums, mais cette fois en jouant Naveed, joyau de leur répertoire qui avait été écarté du programme la dernière fois.
Tout n’a pas été parfait. Un problème de son à mi-parcours nous a empêchés de bien entendre la fin de Drop Me In The Water et le début de Somewhere Out There (le groupe ne s’est rendu compte de rien). Heureusement, ça s’est réglé rapidement et rien n’a gâché le plaisir de retrouver les Clumsy, 4am et Starseed.
Combative Emi Jeen
Même si elle roule sa bosse depuis plus de dix ans sur les scènes d’ici et d’ailleurs, Emi Jeen, une artiste native de Saint-Jean-Port-Joli, partait avec deux prises contre elle, en début de soirée : l’indifférence d’une large partie de la foule et un répertoire méconnu, sa pop alternative anglophone, qui se situe quelque part entre Simple Plan et Avril Lavigne, n’ayant que peu de traction dans les médias de masse.
Le premier souci n’a été solutionné qu’à moitié. Très à l’aise devant public et combative en concert, Emi Jeen a réussi, en y mettant tous les efforts, à capter l’attention de quelques spectateurs à l’avant de la scène.
Pourtant, quelques titres au menu, surtout ceux offerts durant la seconde partie de sa prestation – on pense notamment à Congratulations On Your Breakup et No Emotion = No Tomorrow – passaient le test et auraient sûrement mieux été reçus dans un cadre plus propice à l’écoute d’une artiste encore au stade émergent.