Musique québécoise en ligne: 1 M$ pour contrer «des chiffres qui font peur»
Inquiet de l’absence de la musique québécoise dans les palmarès des chansons les plus écoutées en ligne, le gouvernement du Québec injectera près d’un million de dollars pour améliorer sa visibilité sur les plateformes numériques.
Le portrait actuel est sombre, a convenu le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, lors d’un point de presse tenu afin d’annoncer l’octroi d’une somme de 975 000 $ sur trois ans à la plateforme de gestion de métadonnées musicales MétaMusique.
Il a fait état de données datées de juin qui montrent qu’aucune chanson en français ne figure parmi les 100 chansons plus écoutées au Québec sur les sites de musique en ligne comme Spotify ou Apple Music. La seule artiste québécoise dans le top 100 ? Charlotte Cardin, grâce à deux titres en anglais.
« Parmi les 1000 morceaux les plus écoutés, 4 % des pièces sont en français et de ce 4 %, seulement la moitié viennent du Québec. Des chiffres comme ça, ça fait peur. Ça fait peur pour l’avenir du français au Québec et ça fait peur pour l’avenir de l’industrie musicale », affirme le ministre Lacombe.
Aider à trouver la musique
En finançant les opérations de MétaMusique, organisme à but non lucratif créé en 2020, le gouvernement pose le premier d’une série de gestes ayant pour objectif de garder en vie la musique d’ici, indique Mathieu Lacombe.
En gros, MétaMusique s’assurera que les chansons québécoises aboutissent en ligne avec les bonnes informations (nom des artisans, styles musicaux associés) afin d’être plus facilement repérables par les auditeurs des plateformes et que leurs créateurs obtiennent les redevances qui leur sont dues.
« En ce moment, la musique québécoise est trouvable si tu la cherches avec le nom de l’artiste. Par exemple, on ne te proposera pas les Vulgaires Machins si tu veux écouter de la musique punk. On va te proposer tous les autres groupes punks avant les Vulgaires Machins. Pourquoi ? C’est possible que la musique de Vulgaires Machins ait été mal documentée », explique le directeur général de MétaMusique, Pierre Gourde.
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Commercialisation
À l’ADISQ, on estime que MétaMusique est un outil stratégique essentiel, mais qu’il faudra agir sur d’autres fronts pour renverser cette lourde tendance. « Ça va prendre des investissements importants en commercialisation parce que le nombre de canaux où la musique est consommée se multiplie », signale la directrice générale Ève Paré.
Pour le ministre Mathieu Lacombe, il est « primordial » d’agir pour que la culture québécoise garde sa place.
« Si on décidait de rester les bras croisés, on va se retrouver devant un Québec qui est de moins en moins en contact avec qui il est. (…) J’aurais bien peur de voir le portrait de la situation dans 50 ans. »